Affilié à la Fédération Léo Lagrange depuis 2014, le Carcahoux est une association œuvrant pour l’animation socio-éducative et culturelle de la région de Blangy-sur-Bresle (76), en Picardie. Elle s’appuie sur diverses formes du spectacle vivant (théâtre, musique, chanson, contes, techniques circassiennes, animations de rues, spectacles de plein air, etc.) et puise souvent son inspiration dans ses racines locales, d’où ses constantes recherches sur l’histoire régionale et sur les traditions locales. Le Fonds de dotation Léo Lagrange a soutenu leur projet « Pour ne pas oublier », dont le but était de raconter la 1ère Guerre mondiale grâce au spectacle vivant.

Se souvenir de la guerre pour préserver la paix

Pour le centenaire de la Grande guerre, de nombreuses manifestations commémoratives ont été organisées sur l’ensemble du territoire national : des films et téléfilms ont été diffusés, ainsi que des témoignages, des lectures de lettres de poilus, des expositions, etc. Fort intéressantes, toutes ces manifestations se sont toutefois avérées majoritairement didactiques.

Le Carcahoux, très impliqué dans l’histoire locale de Blangy et sa région, a souhaité profiter de la dernière année de commémoration du centenaire de la guerre 14/18 pour proposer au public du monde rural qu’il côtoie depuis plus de 40 ans, et particulièrement aux enfants et jeunes, une approche plus ludique du sujet, par le biais du spectacle vivant : théâtre, musique, chansons, son et lumière, histoires, etc. … Ludique, mais non dénuée de véracité historique.

Les différentes créations envisagées devaient traiter de sujets signifiants pour les spectateurs, inspirés notamment de l’histoire locale avec un maximum de références à des événements ou des personnages régionaux. Le Carcahoux souhaitait aussi que cette opération soit sur certains aspects interactive avec le public, d’où la mise en place de débats et/ou d’ateliers d’expression après les spectacles.

Un projet colossal …

Du 1er Août au 15 octobre 2018, les membres du Carcahoux ont reconstitué une tranchée de 50 m de long et un no man’s land de 500m2 dans la cour du manoir de Fontaine, le centre culturel de Blangy. 50 membres de l’association et 30 bénévoles ont participé à la création de ce décor historique et réaliste. Côté spectacle vivant, ce sont 50 bénévoles et comédien.ne.s amateur.e.s. qui ont joué pour un public nombreux.

Un chapiteau (une tente « Croix-rouge ») pouvant recevoir 150 personnes a accueilli les spectacles et les animations.

Le projet « Pour ne pas oublier » a également nécessité des recherches historiques, des enquêtes, un répertoire de chansons et de musiques d’époque, des partitions, des synopsis et des histoires…

Une publicité importante a été faite autour du projet : une présentation d’extraits de spectacles devant la presse, et de l’information vers les établissements scolaires, centres de loisirs, EPHAD et autres associations.

… pour un résultat grandiose

Le projet « Pour ne pas oublier » était inclus dans un évènement plus large intitulé « Guerre et paix », organisé par la municipalité de Blangy, le Carcahoux et un collectif d’associations.

Partout dans la ville, des animations étaient prévues, mais le point central était le manoir de Fontaine, lieu culturel reconnu dans la région.

Le Carcahoux a créé et animé 24 moments de spectacle vivant qui ont rassemblé près de 2500 spectateur.rice.s. Moment fort, la pièce « Parenthèses » racontait la rencontre, dans un hôpital de campagne en 1917, d’un tirailleur sénégalais et d’une infirmière volontaire. Entre chansons des années de guerre et mélopées africaines et orgue de barbarie et balafon, le mélange des genres et la musicalité étaient de mise. 16 représentations avaient été données précédemment en milieu scolaire (20 établissements du primaire au lycée) rassemblant 1420 spectateur.rice.s (élèves et encadrant.e.s).

Entre cabaret, chansons du front, histoires dites en picard, tout cela rythmé par la musique et les images omniprésentes… les spectateur.rice.s en ont eu pleins les yeux et pour leurs oreilles.

Trois salles ont abrité une même exposition : « 100 ans, 100 objets », montée par deux historiens et collectionneurs de la région.

Le 11 novembre 2018, en point d’orgue de l’événement, un spectacle son et lumière a été donné dans la tranchée et le no man’s land.

En 6 semaines d’ouverture du site, environ 6000 visiteur.se.s sont passé.e.s par le manoir Fontaine.

Un travail autour de la mémoire collective

Tout au long des 6 semaines de l’opération « Pour ne pas oublier », le Carcahoux a proposé des temps facilitant l’interactivité :

  • La parole post spectacle : chacun des spectacles a été suivi d’un échange/débat avec les spectateur.rice.s, souvent autour d’un verre de l’amitié.
  • Les « murs graphiques » : le Carcahoux a demandé à Emmanuel Kavi, un plasticien togolais qui travaille avec la troupe depuis longtemps, d’effectuer 3 fresques murales sur sa représentation de la guerre 14/18. Ces murs graphiques ont ensuite servi de supports pour que des élèves fassent part de leurs réflexions ou de leurs émotions par les mots, les phrases ou les dessins. Ces « murs » ont été exposés jusqu’à la fin de l’opération.
  • En parallèle du projet « Pour ne pas oublier », le Carcahoux a collaboré à la réalisation d’un carnet d’activités avec Les petits citoyens. Ce carnet intitulé « Eux dans la grande guerre » a été offert aux 1420 élèves et enseignants ayant assisté à l’événement

En guise de bilan, Corinne Vialaret, présidente du Carcahoux, nous raconte :

« Nous avons été extrêmement surpris d’entendre, pendant les représentations, des enfants fredonner avec les comédiens des chansons mythiques de la guerre comme « La butte rouge » ou « La chanson de Craonne ». Beaucoup d’habitants se sont retrouvés dans les histoires que nous avons évoquées au cours de nos spectacles. Certains y ont reconnu l’histoire d’un grand-père ou d’un grand oncle ou d’un cousin ayant participé à la grande guerre ou y ont retrouvé l’ambiance de la vie au village pendant le conflit telle qu’ils en avaient entendu parler pendant leur enfance par une personne âgée de la famille ou du village. Beaucoup des chansons interprétées ont trouvé écho parmi les spectateurs, même parmi les plus jeunes. »

Des équipes épuisées mais fières, un succès difficile à imaginer, des enfants ébahis, des mémoires ravivées et un événement véritablement authentique… Le Carcahoux organisera en 2020 un nouveau grand spectacle de plein air, se laissant une année pour se remettre de ses émotions.

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